Des Toiles comme des Etoiles : 2ème dimanche de l’Avent, Saint Jean-Baptiste par Philippe de Champaigne

PREMIÈRE LECTURE
« Préparez le chemin du Seigneur »
(Is 40, 1-5.9-11)

ÉVANGILE
« Rendez droits les sentiers du Seigneur » (Mc 1, 1-8)

Le tableau représente Jean-Baptiste, debout à demi tourné vers l’arrière, le regard tourné vers nous il désigne quelqu’un du doigt. Il est vêtu de peaux de bêtes et s’appuie sur une croix. La composition illustre littéralement la mission du dernier des prophètes, celui qui précède le Christ et annonce sa venue :

« comme Jean Baptiste voyait Jésus venir vers lui, il dit : ‘Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ; c’est de lui que j’ai dit : Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était » (Jn 1,29-30).

Saint Jean-Baptiste par Philippe de Champaigne, 1657

Jean-Baptiste occupe donc le devant de la scène, au bout d’un chemin à peine suggéré, devançant Jésus dont il désigne la silhouette irradiante esquissée comme pour évoquer la prophétie.

Son geste éloquent, le bras et l’index tendus, est intensifié par un regard implorant et l’annonce – car Jean s’adresse à moi et me parle – dont les mots sont retranscrits sur le phylactère : « ECCE AGNVS DEI QUI TOLLIT PECATVM MVNDI».

 Cette interpellation directe du spectateur donne au tableau une véritable fonction évangélisatrice.

Il faut noter aussi l’importance donnée au traitement du paysage. La diagonale du ciel introduit une dynamique dans la composition, Ce paysage est aussi un élément important du discours. En effet, l’horizon laisse deviner les contours bleutés du bourg de Béthanie, et, plus proche, le cours tortueux du Jourdain, par allusion à cette autre parole du prophète :

« Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies » (Lc 3, 4-5).

Le geste de Jean incarne cette invitation. Les jeux de lumière, rejetant une partie de son bras dans l’ombre, participent aussi de la symbolique des Ecritures. Pour que le Seigneur puisse trouver le chemin de notre cœur, il nous faut, impérativement, nous tourner davantage vers lui, en suivant, en quelque sorte, la direction du doigt pointé par le prophète et que Jean s’efface dans l’ombre.

Saint Jean-Baptiste par Philippe de Champaigne, 1657- détail

Peut-être inspiré par plusieurs modèles de Raphaël et de Carrache, ce Jean-Baptiste à mi-corps paraît traité à la manière d’un portrait, le visage pleinement de face. Son regard est plein de douceur, tout en restant vif et intense, accentuant la proximité avec le spectateur et le mettant en demeure de se convertir.

Homme du désert, homme d’absolu, il est sans concession. L’interpellation qu’il lançait dans le désert de Judée est réactualisée en ce temps de l’Avent qui nous prépare à une nouvelle venue du Seigneur en nos cœurs.

Source narthex.fr

Merci à Bénédicte pour cette contribution

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