« Au premier moment ses disciples ne comprirent pas ce qui arrivait, mais lorsque Jésus eut été glorifié, ils se souvinrent que cela avait été écrit à son sujet » (Jn 12, 16a)
A la lumière de leur foi, les premières communautés chrétiennes ont relu la vie, la prédication et la mort de Jésus. Dans les psaumes, elles vont trouver le vocabulaire, les analogies qui permettront de dire que Jésus est le Christ et Seigneur, de justifier ses souffrances et d’expliquer son exaltation et sa glorification dans la résurrection.
1/ Jésus est mort, ressuscité, est assis à la droite de Dieu
Dès les premières affirmations de la foi, la mort et la résurrection du Christ sont inséparables : c’est ce qu’exprime Saint Paul dans 1 Co 15, 3-5.
« Je vous ai donc transmis en premier lieu ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. »
Les psaumes 16 et 118 vont permettre de comprendre que la mort de Jésus n’est pas un anéantissement et qu’il n ‘a pas été rejeté par Dieu. Le psaume 110 préfigure, quant à lui, l’exaltation du Christ.
Jésus est mort et ressuscité :
- Ps 16 9-10: « Tu ne peux laisser ton ami voir la corruption »
Dieu ne laisse pas mourir son saint. A la lumière du psaume 16, c’est ce qu’affirme Pierre en Ac 2, 24 :
« Mais Dieu l’a ressuscité en le délivrant des douleurs de la mort, car il n’était pas possible que la mort le retienne en son pouvoir »,
et Paul en Ac 13, 35 : « C’est pourquoi, il dit aussi dans un autre passage : Tu ne laisseras pas ton Saint connaître la décomposition ».
- Ps 118, 22 : « La pierre que les maçons ont rejetée est devenue la pierre angulaire. »
Jésus a été rejeté par les hommes et par son peuple, mais Dieu l’a ressuscité. C’est avec le psaume 118 que Pierre répond au Sanhédrin en Ac 4, 10-11 :
« …c’est par le nom de Jésus Christ le Nazaréen, crucifié par vous, ressuscité des morts par Dieu…C’est lui, la pierre que vous, les bâtisseurs, aviez mise au rebut : elle est devenue la pierre angulaire. »
Jésus est assis à la droite du Père
- Ps 110, « Oracle du Seigneur à mon Seigneur : « Siège à ma droite,… »
Ce psaume royal, adressé au Roi d’Israël, est appliqué à Jésus-Christ dans le Nouveau Testament.
Intronisé à la droite de Dieu, le Christ exerce la souveraineté, la vie, la condition et le règne de Dieu.
Ph 2, 8-9 : « C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et….»
Rm 8, 34 : « Le Christ Jésus … Ressuscité, qui est à la droite de Dieu, qui intercède pour nous ? »
Col 3,1 : « Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu ».
2/ Jésus est bien le Messie
Les conceptions du Messie au temps de Jésus étaient diverses. Admettre l’intervention de Dieu dans la résurrection de Jésus, c’était reconnaître l’arrivée des temps messianiques, et l’identité profonde de Jésus comme Messie. On a reporté sur lui les titres que l’espérance juive avait mis sur le Messie.
Le Christ
Le Christ vient du grec Christos, une traduction de l’« oint » – mashiah en hébreu – celui qui a reçu l’onction réservée aux Rois d’Israël.
- Le psaume 45 qui évoque un roi anonyme est appliqué au Christ ressuscité dans la lettre aux Hébreux. Ps 45, 7-8 :
« O DIEU, ton trône est éternel, ton sceptre royal est un sceptre de droiture. Tu aimes la justice, tu détestes le mal, aussi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons. »
La mise en perspective dans en Ac 4, 27 montre que celui qui a été combattu par Pilate, Hérode et les puissants a été oint par Dieu et est donc le Christ, le Messie.:
« Oui, ils se sont vraiment assemblés en cette ville, Hérode et Ponce Pilate, avec les nations et les peuples d’Israël, contre Jésus, ton saint serviteur, que tu avais oint ».
Le Fils de David
Depuis très longtemps, on attendait un Messie descendant de David, les attestations sont nombreuses dans l’Ancien Testament : oracles de Nathan (2 S 7, 12-16), Isaïe… Mais on attendait un Messie glorieux et puissant.
- Ps 132, 10-11 : « À cause de David ton serviteur, n’écarte pas la face de ton messie. Yahvé l’a juré à David, vérité dont jamais il ne s’écarte : « C’est le fruit sorti de tes entrailles que je mettrai sur le trône fait pour toi… » .
L’exaltation de Jésus permet de voir en lui le descendant dont parlait le psaume 132.
Rm 1, 2-4 : « Cet Evangile, qu’il avait déjà promis par ses prophètes dans les Ecritures saintes, concerne son Fils, issu selon la chair de la lignée de David, établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu avec puissance par sa Résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur ».
Le Fils de Dieu
La citation précédente de l’épitre aux Romains de Paul proclame Jésus Fils de Dieu :
Rm 1, 2-4 : « Fils de Dieu avec puissance par sa Résurrection d’entre les morts, Jésus Christ notre Seigneur. ». Le psaume 2 affirme la qualité de « fils » du roi qui a été oint, du roi messie.
- Ps 2, 6-7: 7 : « Moi, j’ai sacré mon roi sur Sion, ma montagne sainte. Je publierai le décret : le Seigneur m’a dit : « Tu es mon fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » .
Ce psaume est repris, bien sûr au baptême, mais aussi par Paul en Ac 13, 33 en parlant de la Bonne Nouvelle :
« Dieu l’a pleinement accomplie à l’égard de nous, leurs enfants, quand il a ressuscité Jésus, comme il est écrit au psaume second : Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
- Ps 45, 7-8 ; « Ô DIEU, […….], ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie, de préférence à tes compagnons »
La lettre aux Hébreux en reprenant le Ps 45,7-8 nous explique que le Christ exalté à la droite de Dieu, a hérité d’un nom supérieur aux anges, celui de Fils de Dieu.
Celui qu’on appelle Fils de Dieu est donc bien le Messie. Ce Messie attendu est par conséquence Dieu.
Ce psaume est un des rares textes de l’Ancien Testament qui confère le titre de Dieu à un autre personnage que Yavhé : En effet le psalmiste parle à celui qui est Oint par Dieu en l’appelant Dieu.
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Merci à Claire pour cette contribution.
La suite de la série :
Structure et histoire du livre