5 clefs pour comprendre « Fratelli Tutti », encyclique du pape François

Une encyclique signée à Assise

Le Pape François a signé son encyclique Fratelli Tutti (Tous Frères) à Assise, le jour de la fête de saint François d’Assise et dernier jour du mois de la création.

Le lieu choisi pour la révélation de cette dernière encyclique est hautement symbolique. Il vient nous rappeler, à travers la figure de François d’Assise, 3 dimensions auxquelles le Pape est attaché : le rapport à l’ensemble de la création, le souci des plus pauvres et le dialogue interreligieux (rencontre de St François avec le sultan à Babylone en 1219).

C’est la toute première encyclique consacrée à la fraternité même si l’Eglise a dédié de nombreux textes à ce sujet. La doctrine sociale de l’Eglise, qui trouve ses racines dans les conflits de classe du 19ème siècle, est d’une certaine façon une élaboration de l’éthique de la fraternité.

5 points pour comprendre l’encyclique 

1/ Un constat sombre
Le pape dresse un triste état du monde dès le premier chapitre, intitulé « les ombres d’un monde fermé » et son premier titre de section « des rêves qui se brisent en morceaux ». Il nous interpelle : « Que signifient aujourd’hui les termes démocratie, liberté, justice, unité ? ». Le Pape dénonce un monde qui ne connait que le repli sur soi et exclut les plus pauvres.

2/ Un cri d’alarme contre le populisme démagogique
L’encyclique dénonce un « populisme malsain » et « irresponsable » qui défigure le terme « peuple ». Le pape François remet au centre le peuple dans sa pleine dimension. Le mot figure à 95 reprises dans l’encyclique. François affirme que « chacun n’est pleinement une personne qu’en appartenant à un peuple ». La fraternité à laquelle le Pape nous invite est une urgente nécessité – autant que la conversion écologique –  pour sauvegarder la maison commune.

3/ L’amitié sociale
Fratelli Tutti s’appuie sur ce concept forgé dans les années 2000 par le Pape alors qu’il est encore archevêque de Buenos Aires. « L’amour qui s’étend au-delà des frontières a pour fondement ce que nous appelons l’amitié sociale qui se vit dans chaque ville, chaque pays » . « Lorsqu’elle est authentique, cette amitié sociale au sein d’une communauté est la condition de la possibilité d’une ouverture universelle ». Pour le Pape, c’est cette amitié sociale qui a permis au bon samaritain (Luc 10,25) d’interrompre son voyage, de s’ouvrir à l’homme blessé. « A la culture des murs, il faut répondre à la culture de la rencontre ».

4/ La dignité inaliénable de l’homme
Pour parvenir à l’amitié sociale et la fraternité universelle , le Pape nous rappelle qu’il faut préserver un principe élémentaire « tout homme a le droit de vivre dans la dignité ». Le Pape dénonce ceux -y compris parmi les chrétiens – dont l’attitude revient à considérer certains, notamment les migrants,  « dotés de moins d’humanité ». Il condamne fermement la peine de mort et met fortement en doute « la possibilité d’une guerre juste ».

5/ L’artisanat de paix
« La construction de la paix est un artisanat qui nous concerne tous et une tâche sans répit ». Le Pape s’inspire du document d’Abou Dhabi dont le Grand Imam Ahmad Al Tayyeb est cosignataire Sur la fraternité pour la paix mondiale et la coexistence commune. Le Pape n’hésite pas à exprimer une position commune avec le grand Imam par un « nous » qui est une première. Il reprend en conclusion l’appel d’Abou Dhabi : « …Au nom de Dieu et de tout cela, nous déclarons adopter la culture du dialogue comme chemin, la collaboration comme conduite, la connaissance réciproque comme méthode ».

Autre condition de la paix : le pardon. « Ceux qui pardonnent en vérité n’oublient pas, mais renoncent à être possédés par cette même force destructrice dont ils ont été victimes ».  « Le pardon, c’est ce qui permet de rechercher la justice sans tomber dans le cercle vicieux de la vengeance ni dans l’injustice de l’oubli. »

Sources :
Aleteia : L‘encyclique de la fraternité et de l’amitié sociale, 6 octobre 2020
La Croix : 5 clés pour comprendre l’encyclique Fratelli Tutti, octobre 2020
Interview de Dominique Greiner, rédacteur en chef de La Croix, octobre 2020