« Il est monté aux cieux, Il est assis à la droite de Dieu »

A l’occasion de l’Ascension, nous vous proposons de nous pencher sur cet extrait du symbole des Apôtres « Il est monté aux cieux, Il est assis à la droite de Dieu. »

Deux récits de l’Ascension

Ils se trouvent chez saint Luc : l’un court, à la fin de l’évangile (Lc 24,50-51), l’autre long au début des Actes des Apôtres (Ac 1,9-11). Il n’y a pas de récit de l’Ascension dans saint Matthieu, ni dans saint Jean, et une seule mention brève dans la finale de saint Marc (Mc 16,19).

La tradition littéraire issue de l’Ancien Testament

L’Ancien Testament mentionne des ascensions : Hénoch, Élie, Moïse, Baruch, Esdras. Saint Luc, inspiré par les cycles d’Élie et d’Élisée pour son œuvre, va approcher le mystère de Jésus en utilisant la figure du prophète Élie. Mais Jésus est différent d’Élie. Celui-ci est élevé de son vivant alors que  l’Ascension de Jésus va affirmer la glorification de son humanité crucifiée et ressuscitée. 

Des récits divergents ?

Saint Luc a pour habitude de donner deux récits différents du même événement. Cela nous oblige à regarder le sens de l’événement et non son historialité. 

Dans l’évangile selon saint Luc, le récit se situe à Béthanie lors d’une bénédiction, le jour de la résurrection juste après l’envoi en mission des disciples et la promesse du don de l’Esprit Saint. 

Dans le livre des Actes, il se situe quarante jours après la Résurrection, à Jérusalem, au Mont des Oliviers, au cours d’un repas. Une nuée divine, plus de Temple mais le sabbat, les onze Apôtres ne se prosternent pas mais sont étonnés… Deux hommes en vêtements blancs, rappelant ceux du tombeau vide, leur annoncent le retour du Christ à la fin des temps et assurent le lien entre résurrection et Ascension. 

Ces deux récits jouent une fonction charnière entre les deux livres. Le récit des Actes fait mémoire de celui de l’Evangile : le crucifié est bien le Christ, élevé dans la gloire du Père, qui accompagne d’une autre manière son Église dans l’annonce de la foi.

  • Une bénédiction à Béthanie dans l’Evangile (Lc 24,50-51)

Le récit de l’Evangile l’affirme : le Ressuscité au matin de Pâques est celui qui est exalté à la droite du Père. Saint Luc mentionne Béthanie. C’est le lieu où Jésus a demandé d’aller chercher un ânon lors de son arrivée à Jérusalem. Saint Luc associe l’Ascension à l’entrée triomphale à Jérusalem. 

Jésus bénit deux fois les disciples durant son Ascension. Cela ferait écho à l’acclamation des disciples lors de l’entrée de Jésus à Jérusalem : Béni soit celui qui vient ! 

Le Christ glorifié bénit ses disciples. Ceux-ci reprennent alors le chemin du Temple en bénissant Dieu, comme Jésus lors de son arrivée triomphale. L’Ascension de Jésus ouvre la voie de la mission pour les Apôtres qui vont suivre et imiter Jésus.

  • Une maturation nécessaire dans les Actes Ac 1,9-11)

Dans le texte des Actes, l’Ascension se passe quarante jours après la Résurrection. Ce nombre de quarante est symbolique du temps nécessaire pour se préparer.

Il évoque l’Exode du peuple hébreux qui se prépare à l’entrée dans la terre promise. A travers le désert, il est guidé et sauvé par la nuée de Dieu. La nuée qui enveloppe le Christ glorifié représente l’action de Dieu qui sauve. Mais aujourd’hui le salut s’appelle Jésus-Christ. 

Quarante rappelle le séjour de Jésus au désert et sa victoire sur la tentation, prémice de la victoire finale du Christ sur la mort par sa Résurrection. La Passion et la Résurrection étant ici évoquées par la mention du Mont des Oliviers.

Jésus s’est préparé durant quarante jours à son ministère public. Symboliquement, Jésus prépare les Apôtres durant quarante jours. Il va leur confier la création de l’Eglise, et donc un ministère public. On verra ensuite ce royaume se déployer dans les Actes jusqu’aux confins de la terre grâce à l’action de l’Esprit Saint. C’est un parallèle entre Jésus et son Église que saint Luc établit. Le Christ en est la tête et nous les membres.

Deux symboles-clés

Le ciel

Dans un univers symbolique à trois étages – le ciel, la terre et les enfers – on utilise naturellement le terme s’élever, gravir, monter, pour atteindre le ciel. (De même que l’on parle de s’élever dans l’échelle sociale).

Or théologiquement, le ciel représente la demeure de Dieu. La glorification, c’est-à-dire l’entrée dans la demeure de Dieu, va donc s’exprimer naturellement par la symbolique de l’élévation, de l’Ascension. Pour entrer dans le monde de Dieu (la signification théologique du ciel) Jésus-Christ s’est élevé : il a été glorifié.

La « nuée » est un signe visible de la présence de Dieu. Cela renforce le sens théologique du ciel comme demeure de Dieu. Dérobant Jésus au regard des hommes, elle le fait entrer dans le monde de Dieu. Il abandonne sa présence charnelle pour inaugurer une présence spirituelle. 

La droite du Père

Saint Augustin nous dit : « La droite de Dieu signifie  le bonheur éternel… « Il est assis » veut dire : il habite, il demeure. »

L’Incarnation et l’Ascension sont liées. Après être « descendu du Ciel, pour nous les hommes et pour notre salut »,

le Fils y remonte dans son humanité glorifiée. Il reprend « la gloire qu’Il avait avant que le monde fût »(Jn 17,5).

Le Catéchisme de l’Eglise nous dit : 

 « Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée » (Art. 663)

 Faisant ici mémoire … de sa glorieuse ascension dans le ciel (Canon romain)

On va de Pâques à Pentecôte en passant par l’Ascension. « Si je ne pars, l’Esprit Saint ne viendra pas à vous» (Jn 16,7). Le canon de la prière eucharistique nous le rappelle.

Par son Ascension : 

  • Le Christ « nous donnera de nous asseoir avec Lui sur son trône, comme Il s’est assis avec le Père sur le sien » (Ap 3,21) et nous y « prépare une place » ( Jn 14,2) et nous avons l’espérance que l’humanité passe en Dieu, dans le Christ : « Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi .»(Jn 12,32).
    Jésus est présent différemment, en nous, en tous temps et lieux : « Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps »(Mt 28, 20)
  • Le Christ règne et a tout pouvoir. « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. » (Mt 28,18). C’est l’unique prêtre de l’alliance nouvelle et éternelle. Il n’est pas « entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (…) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur » (He 7,24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, «  étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu » (He 7,25). Comme « grand prêtre des biens à venir »(He 9,11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux.
  • Jésus-Christ intercède pour nous assurer en permanence l’effusion de l’Esprit Saint.  A l’Ascension la contemplation du Christ en gloire à la droite du Père nous renvoie à notre mission terrestre, encouragés par le don prochain de l’Esprit Saint et l’espérance du retour du Seigneur.

Merci à Claire pour cette contribution…