Dimanches de Pâques – Comment bien comprendre le livre de l’Apocalypse ?

En ce moment, chaque dimanche (de Pâques à la Pentecôte), on prend un extrait du Livre de l’Apocalypse comme 2e lecture. 

Or, ce récit est souvent mal compris. On pense à un grand désastre; on a l’habitude d’entendre parler de scènes « apocalyptiques » aux informations. C’est une vision eschatologique qui eût longtemps cours dans l’Église catholique et est encore celle de courants évangélistes conservateurs.

Mais si l’on y prête attention, « Apocalypse » signifie « Révélation ». On a là le point d’entrée pour une lecture bien plus positive du Livre de l’Apocalypse. Le récit nous transmet non pas une prophétie d’événements terribles qui nous attendent, mais plutôt une « révélation », des vérités universelles présentées sous forme de symboles et d’images.

Voici quelques explications par le Professeur Felipe Aquino.

(Source: Comment comprendre le livre de l’Apocalypse ?, Aleteia, publié le 15 avril 2016, sur une suggestion de Claire L., plume derrière notre chronique Le Regard du Théologien).

LʼApocalypse est un texte magnifique de lʼapôtre Jean, rédigé à la fin de sa vie, vers lʼan 100, sous la forme dʼune lettre aux Églises dʼAsie Mineure, qui vivaient des moments difficiles en raison de la persécution romaine. Énigmatique et difficile à comprendre, lʼApocalypse de saint Jean ne cesse de susciter des interrogations et de multiples interprétations, souvent erronées – comme cela a été le cas à de nombreuses reprises tout au long de lʼHistoire – à défaut de regarder attentivement la façon dont lʼÉglise lʼinterprète.

À la fin du Ier siècle de notre ère, lʼempereur romain Domitien (81-96), lors dʼune vague de persécutions contre les chrétiens, aurait exilé lʼapôtre et évangéliste Jean, alors évêque dʼÉphèse, sur lʼîle grecque de Patmos. Les chrétiens, harcelés par les Juifs, attendaient le retour du Christ pour les libérer de tout mal.

De nombreux symboles dans une nature ébranlée par lʼintervention de Dieu

Cʼest dans ce contexte que lʼapôtre écrit lʼApocalypse : pour encourager et animer les communautés chrétiennes, déjà nombreuses, dʼAsie Mineure. « Apocalypse » vient du grec « apokálypsis » et signifie « Révélation ». Cʼétait un genre littéraire devenu habituel chez les Juifs après lʼexil de Babylone (587-535 av. JC.). LʼApocalypse de saint Jean décrit la fin des temps, lorsque Dieu jugera les hommes. Cette intervention de Dieu ébranle la nature (phénomènes cosmiques) et est dépeinte avec de nombreux symboles et chiffres. LʼApocalypse ne vise pas à donner une description avant lʼheure des événements à venir, mais à présenter une même réalité sous des symboles différents ; tout est fait dans un langage volontairement figuratif afin dʼéveiller lʼattention du lecteur, habitué au genre apocalyptique utilisé par les Juifs.

Certains symboles ont une signification particulière : lʼAgneau symbolise le Christ ; la femme, lʼÉglise ou la Vierge Marie ; le dragon, les forces hostiles au Royaume de Dieu ; les deux bêtes (chapitre 13), lʼEmpire romain et le culte impérial ; la Bête (chapitre 17) symbolise Néron ; Babylone, la Rome païenne ; les robes blanches, la victoire ; le chiffre 3,5, la moitié du chiffre 7, quelque chose dʼimparfait, de néfaste ou caduc. Mais ces symboles ne sont pas exclusifs ; ainsi le Christ est parfois représenté comme « fils de lʼhomme » ou chevalier.

Le passé, le présent et le futur de lʼÉglise

LʼApocalypse est une révélation surnaturelle, voilée, utilisant des symboles pour représenter le passé, le présent et le futur de lʼÉglise. Le livre se réfère à une période indéfinie qui sépare lʼAscension du Christ de son retour glorieux. Il laisse clairement entendre lʼimpossibilité dʼéchapper au combat et à la souffrance, aux persécutions et à lʼéchec apparent sur le plan terrestre, mais affirme aussi la réalité du salut et la victoire finale, qui est lʼœuvre du Christ ressuscité, vainqueur du péché et de la mort.
Le message principal de lʼApocalypse est que Dieu est le Maître de lʼHistoire des hommes et que surviendra la victoire des justes, à la fin, en dépit de la souffrance et de la mort. Le livre décrit la vie de lʼÉglise sur la terre comme une lutte permanente entre le Christ et Satan, certifiant quʼà la fin surviendra le triomphe définitif du Royaume du Christ, ce qui implique la résurrection des morts et le renouvellement de la nature matérielle. Les calamités qui sont présentées ne doivent pas être interprétées au pied de la lettre. Dieu sait et saura conduire lʼhumanité, au milieu de toutes ses souffrances, à la victoire finale du bien sur le mal.

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L’Apocalypse en images :

La Tapisserie de l’Apocalypse, chef d’oeuvre de l’art médiéval, est unique au monde. Commandée vers  1375 par le duc Louis Ier d’Anjou, elle faisait 140 mètres à l’origine, dont 100 sont parvenus jusqu’à nous et peuvent être admirés au château d’Angers si vous y passez pendant vos vacances ! 
Détail de la Tapisserie de l’Apocalypse

Gravure « Les quatre cavaliers de l’Apocalypse », par Albrecht Dürer, 1498, Musée du Louvre