Ces dimanches aux drôles de noms (2)

Après Quasimodo, Jubilate et le Bon Pasteur, nous voici arrivés au dimanche de Cantate. Le psaume 97, chanté à l’entrée du prêtre, invite la terre entière à chanter le Seigneur.

Cantate Deo….

1 Chantez au Seigneur un chant nouveau, car il a fait des merveilles ; par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire.
2 Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations ;
3 il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël ; la terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu.
4 Acclamez le Seigneur, terre entière, sonnez, chantez, jouez ;
5 Jouez pour le Seigneur sur la cithare, sur la cithare et tous les instruments.
Ps 97,1-5

Avec Saint-Augustin, relire le Psaume 97

Dans ses Commentaires sur les Psaumes, Saint-Augustin, docteur de l’Eglise, nous indique des pistes de réflexion…

« Chantez au Seigneur un nouveau cantique ».

Ce cantique nouveau est celui de l’homme, renouvelé en Jésus-Christ, qui chante les merveilles de Dieu. … Ces merveilles sont celles que Dieu a faites pour sa gloire, c’est-à-dire en attirant à son service ceux qu’il guérit et qu’il sauve par le Christ. C’est la terre entière que notre psaume invite à chanter un cantique nouveau. Or, remarquez et voyez que tel est le sens de notre psaume, et qu’en invitant l’univers entier à chanter un nouveau cantique, on signifie que c’est la paix qui entonne ce chant nouveau.

« Chantez au Seigneur un cantique nouveau,
parce que le Seigneur a fait des merveilles».
 

Quelles merveilles?  «Par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire. » Quel est ce bras saint du Seigneur? C’est Notre-Seigneur Jésus-Christ […]  qui  guérit intérieurement celui qui croit en Lui. L’univers tout entier est guéri « par Lui » et « pour Lui » pour la gloire de Dieu. « Quelles merveilles ? » Tirer de la mort éternelle l’univers entier et lui apporter le salut est une merveille bien plus grande que ressusciter le fils de la veuve de Sarepta.

«Le Seigneur a fait connaître son salut »

Sa droite, son bras, son salut, c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ, dont il est dit: «Et toute chair verra le salut de Dieu ». C’est encore de ce salut que le saint vieillard Siméon a dit en prenant l’enfant dans ses bras: «C’est maintenant, Seigneur, que vous laissez aller en paix votre serviteur, selon votre parole, car mes yeux ont vu votre salut ».
 
« Le Seigneur a fait connaître son salut». A qui l’a-t-il fait connaître ? A une partie du monde ou du monde entier ? Ce n’est point à une partie seulement. Que nul ne nous trompe, que nul ne nous séduise en disant: «Le Christ est ici, ou il est là ».
 
«A qui le Seigneur a-t-il révélé son salut ?» Ecoute la suite «Devant toutes les nations, il a dévoilé sa justice» : la droite de Dieu, le bras de Dieu, le salut de Dieu et la justice de Dieu, c’est notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.  

«Que la terre entière jubile au nom du Seigneur»

Parce que la terre a vu le salut de Dieu, qu’elle jubile. Déjà, vous savez ce qu’est la jubilation, réjouissez-vous. Si la parole ne peut exprimer votre joie, que cette jubilation exprime ce que la parole ne saurait exprimer. Que cette joie cependant ne soit point muette, que le cœur ne se taise ni sur Dieu, ni sur ses dons. Si tu parles pour toi, tu es guéri pour toi ; si la droite de Dieu t’a guéri pour lui, chante celui pour qui tu es guéri. 
«Tous les confins de la terre ont vu le salut de Dieu. Que la terre entière jubile au nom du Seigneur. Chantez, poussez des cris de joie, chantez des psaumes».

«Chantez vos hymnes à notre Dieu sur la harpe, sur la harpe et sur le psaltérion»

Chantez, non-seulement de la voix ; joignez-y vos œuvres, afin de ne pas chanter seulement mais d’agir. Chanter et agir, c’est chanter sur la harpe et sur le psaltérion.

Saint Augustin, Commentaires sur le psaume 97. 

Dimanche de Cantate et Cantates de Bach

La Cantate dans la liturgie….

Après Jubilate, nous voici donc appelés à Cantate. Et ce mot de Cantate fait résonner en nous ces œuvres liturgiques composées par J.S.Bach.

Si aujourd’hui nous écoutons au concert la musique de J.S. Bach, il est important de nous rappeler que ses cantates ont été écrites pour le culte, sans idée de postérité.
C’était un genre vocal et instrumental né en Italie au début du 17e siècle, qui pouvait être profane ou religieux. Martin Luther voyait dans le chant une occasion pour le croyant d’exprimer sa foi. De ce fait, dans les pays de langue allemande et de culture luthérienne, les cantates se sont imposées dans les liturgies luthériennes unissant par là des traditions populaires et religieuses.

Dans chaque ville, le Cantor, chef de choeur et organiste, doit satisfaire ses paroissiens en matière de musique liturgique. C’est une lourde responsabilité et à Leipzig dont Bach est le Cantor. Le compositeur accompagne en musique toutes les étapes de la journée.
Bach a composé 300 cantates dont nous ne connaissons que les deux tiers. C’est peu comparé à d’autres compositeurs de cette époque qui en ont composé plus de mille. 

…Et comment Bach l’a magnifiée

Si les cantates sont si connues, c’est que Bach, l’un des pères fondateurs, en a magnifié le genre. La musique de Bach, composée pour les offices, peut se comparer à un puissant sermon.
Basées sur la Bible et théologiquement argumentées et structurées, les cantates se déploient lors des temps liturgiques et assurent une dimension de prédication.
La cantate de Bach propose un langage musical riche et développé. L’organisation des tempos, des rythmes qui animent ce langage musical comme les différentes tonalités employées éveillent des émotions variées chez les paroissiens et les rendent réceptifs à la teneur spirituelle des textes.
La forme de la musique rend plus intelligible les récitatifs qui s’adressent à l’auditeur, et la musique liturgique -voix vivante de l’évangile – touche alors et l’esprit et le cœur.

Par leur grande portée intellectuelle et leur charge émotionnelle forte, les cantates composées par Bach, inséparables de la vie spirituelle luthérienne, sont un héritage incontournable de notre culture occidentale.

Les compositions de Bach pour le Dimanche de Cantate

Pour ce dimanche de Cantate, 5ème dimanche de Pâques, Bach a composé deux cantates, BWV 166 et BWV 108. La BWV 166 est aussi utilisée pour le dimanche des Rogations dont nous reparlerons bientôt.
La Cantate BWV 108 porte le titre de C’est bon pour vous que je m’en aille  qui fait écho à l’évangile que nous lirons dimanche prochain : 

« Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. »  Jn 14, 3-4

Cantate BWV 108

A écouter ici

Merci à Claire pour cette contribution…