Ces dimanches du Temps Pascal aux drôles de noms (1)

Les sept dimanches du temps pascal

Certains dimanches ont le privilège d’être baptisés d’un nom spécifique. Ceci marque leur importance dans la liturgie. C’est le cas pour les sept dimanches du temps pascal.

Voyons d’abord le dimanche de Pâques qui est le 1er dimanche de Pâques. Son nom provient d’une traduction en grec de l’hébreu Pessa’h – signifiant passage –  la Pâque juive, qui désigne la fête commémorant la sortie d’Egypte. La traduction grecque pascha est passée sous la forme latine et a été adoptée dans la plupart des langues européennes. 

Le pluriel français de Pâques est une traduction du latin Festa Paschalia – les fêtes du passage, de la transition, de Pâque – c’est à dire toute l’octave de Pâques et même avant, puisque le dimanche des Rameaux était autrefois appelé Pâques Fleuries. Le terme grec pour Pâques, pascha, n’a rien de commun avec le verbe grec paschein (souffrir) comme on l’entend parfois. 

Dans les pays saxons, le terme de l’Est a prévalu : Eastern en anglais, Ostern en allemand. Le soleil levant étant symbole de résurrection dans le christianisme ancien et la date de Pâques étant liée à l’équinoxe de printemps, la fête chrétienne s’est superposée aux fêtes païennes célébrant le printemps pour qu’elle soit plus facilement assimilée par les populations.

Le dimanche du Bon Pasteur, 4ème dimanche de Pâques, fait référence à la lecture de l’évangile du jour.

Le dimanche des Rogations (du latin rogare : demander), 6ème dimanche de Pâques, se situe juste avant l’Ascension et nous en reparlerons à ce moment-là.

Le nom des dimanches de Quasimodo, Jubilate, Cantate et Exaudi respectivement, 2ème, 3ème, 5ème et 7ème dimanches de Pâques, est tiré du premier mot du chant d’entrée en grégorien, l’introït, qui accompagnait la procession du prêtre jusqu’à l’autel.

Avant la réforme liturgique initiée par Vatican II, la messe démarrait par ces antiennes qui ont peu à peu disparu des liturgies dominicales du rite ordinaire. Elles sont en usage dans les liturgies des monastères bénédictins ainsi que dans le rite extraordinaire.

Aujourd’hui nous parlerons des 2ème et 3ème dimanches : Quasimodo et Jubilate, puis bientôt de Cantate et Exaudi et du dimanche des Rogations.

« Quasimodo… »

Dimanche dernier, le chant d’entrée nous disait:

« Comme des enfants nouveaux-nés, alléluia, (devenus) spirituels désirez le lait non mélangé, alléluia, alléluia, alléluia ! Exultez pour Dieu notre secours, jubilez pour le Dieu de Jacob. » (1 Pierre, 2,2 ; Psaume 80, 2)

Il est touchant de voir la sainte Église se pencher sur son peuple nouveau-né, ce peuple lavé et sauvé dans le sang de son Époux, le Christ, à Pâques, pour l’aider dans sa croissance dans la foi.

Au plan mystique, le lait désigne l’Eucharistie que les néophytes venaient précisément de recevoir pour la première fois. Et ainsi nous comprenons le lien très étroit qui existe entre Pâques et l’Eucharistie. L’Eucharistie, le lait dont nous parle l’introït, nourrit l’Église tout entière et fait d’elle une seule et grande famille (le mot famille vient du mot latin fames qui signifie la faim : la famille est composée des membres qui mangent ensemble.)

C’est ce que ce chant à la fois si profond et si simple nous rappelle.

Écoutons-le.

Par ailleurs ce dimanche est celui de la divine Miséricorde : rappelons que le salut, proposé aux hommes de toute la terre, provient de la miséricorde de Dieu. Vous pouvez lire le message de Dieu transmis par la mystique Sainte Faustine.

« Jubilate… »

Dimanche prochain ce sera le dimanche de Jubilate :

« A Dieu votre jubilation par toute la terre ; chantez un psaume en l’honneur de son nom, célébrez magnifiquement ses louanges, alléluia. Ps. Dites à Dieu : qu’elles sont terribles tes œuvres, Seigneur ! A cause de ta grande puissance, tes ennemis te flattent. Gloire au Père…. A Dieu votre jubilation… »

Après avoir nourri son peuple de l’Eucharistie, l’Eglise l’invite ,par sa liturgie en ce 3ème dimanche de Pâques, à intensifier sa rencontre personnelle avec le Christ-Ressuscité dans sa vie. Vous aurez remarqué que dans l’évangile, entre « leurs yeux étaient aveuglés » (v. 16) et « alors leurs yeux s’ouvrirent » (v. 31),  il y a l’explication des écritures et l’intervention personnelle de Jésus pour les disciples qui vont alors passer de l’abattement à l’enthousiasme.

À l’exemple de Saint Pierre (1ère lecture) témoignons autour de nous de cette joie pascale, Jubilate, cette joie du nouveau converti, le néophyte qui avait compris cette œuvre de Dieu qu’est la Résurrection du Christ et qui  participait pour la première fois au dimanche de Quasimodo à l’Eucharistie.

Car la joie pascale vient de ce que notre foi acclame le triomphe du Christ sur la mort mais aussi de la suavité qu’ici-bas nous goûtons dans l’expérience eucharistique.

Merci à Claire pour cette contribution…